
FLORENT BABILLOTE
CLARTE-OBSCURE : RESURRECTION !
"Ce livre ne me transformera pas en un personnage symphatique mais il me rendra plus humain."
...Une peinture bizarre, glissée dans un grenier dévasté et poussiéreux. Un dédale de tableaux abîmés sur le parquet, comme jetés dans la folie du désespoir. Cette peinture d'un portrait est le seul tableau fixé au mur grisâtre et granuleux, on pourrait dire qu'elle est belle, pourtant, un visage creusé, vestige des ruines de l'expérience, des traits sinueux, la rage dans les yeux...
Le côté sombre de l'oeuvre est relevé par la luminosité effrayante du regard, vert, perçant, tel un miroir de l'âme. L'homme dépeint semble curieux, méchant et téméraire. Ses sourcils en broussaille frisottent, freinant la pensée. Paré d'un gilet en laine gris fade, il semble un peu musclé comme le démontrent les contours de ses épaules carrées. Ses mains sont aussi fines que son corps est robuste.
De son visage rien ne transpire, un mur de plomb, la façade glaçée d' Alcatraz. Seule sa prunelle capte la lumière du regard. Cet homme est laid, d'une laideur attendrissante, de celle qui attise la compassion... Qu'a t-il bien pu lui arriver ?
Le tableau est empreint d'une atmosphère cataclysmique, stridente même, refletée par un ensemble de couleurs ternes. Toute une panoplie d'effets ombragés reflètent son âme. A sa vue, le premier reflexe est de reculer, la peur nous saisit, puis vient une sensation étrange d'effroi.
Quoi ? vous avez quitté la pièce... je comprends, personne ne peut rester en face de ce jeune homme ! Pas même vous amis lecteurs... Ah vous revenez ? Téméraires. Ne vous inquiètez pas, bientôt vous partirez en courant. Ceci est une promesse !
Etes-vous prêts à voyager à travers les affres du genre humain ? Ce tableau n'est pas qu' un amas de couleurs venant des abîmes, il raconte une histoire des plus noires...
Puis le portrait glisse et se fracasse sur le sol. La pièce se rétrécit, la poussière crée une tempête de particules ; rêve-réalité, tout semble entremêlé. L'anarchie gagne le grenier, les couleurs des autres oeuvres se désagrègent, se vident de leur substance comme le sang d'un cadavre. Bientôt elles seront perdues, illisibles, on ne pourra plus les admirer. Une suite de numéros en guise de signature s'étiole progressivement. Contaient-elles aussi l'histoire du même homme ? Pourquoi ne sont elles pas apparues à notre regard ?
Car maintenant, le futur n'existe plus, l'avenir s'efface...Le présent est distordu, la pièce disparait soudain dans un trou noir mental...
Un son violent vient me réveiller soudainement, un oiseau fou vient de s' écraser contre ma fenêtre. Une trainée d'hémoglobine glisse sur la vitre sournoisement. Le sang sur ma fenêtre dessine un chemin tortueux...
Satané onirisme débile, "pourquoi ce rêve puéril chaque jour ?" Je n'en sais rien, j'ai mal aux yeux, froid dans le dos et je viens de me réveiller encore en sursaut.
Tic, tac, il est deux heures du matin. Une lueur blanchâtre s'immisce à travers le rideau. La pleine lune règne dans la sphère stellaire. Vais-je réussir à me rendormir ? Rien n'est moins sûr.
Qui suis-je ? Un mal de tête ambulant depuis des mois, comme un fantôme, une ombre qui vous suit jour et nuit. J'en ai marre, ma petite amie Claire semble distante depuis quelques temps. Que se passse-t-il ?